Le virage numérique en santé

Merci à Flavie Mayer, coordonnatrice de projets santé à la ville de Vandoeuvre, pour la rédaction de cet article.

Le numérique en santé, aussi appelé e-santé, porte la promesse d’une amélioration continue des prises en charge et de la coordination des parcours de soins. Les bénéfices apportés par la digitalisation de la santé ne sont pourtant pas perçus ni accessibles par tous de la même manière. C’est pourquoi l’inclusion numérique en santé a fait l’objet, le 24 juin 2022 à Villers-Lès-Nancy, d’une journée régionale « Pour notre inclusion dans la e-santé : fracture numérique, illectronisme et éthique ». Divers participants tels que des représentants des usagers, professionnels de santé et représentants de la Délégation ministérielle du Numérique en Santé (DNS) ont pu partager leurs constats, débattre sur les enjeux associés et valoriser les initiatives et ressources existantes.

Le développement des services numériques en santé : levier ou frein à l’amélioration de l’accès aux soins?

Depuis une dizaine d’années, de nombreux services en e-santé se développent allant de la montre connectée, au logiciel de prise de rendez-vous médical en ligne ou encore à la mallette de téléconsultation. Ces outils accompagnent la transition numérique du secteur de la santé, accélérée par la crise sanitaire ayant engendré un essor du recours au numérique.

Néanmoins, selon la mission d’information du Sénat « Lutte contre l’illectronisme et pour l’inclusion numérique », près de 14 millions de français ne maîtrisent pas le numérique. L’illectronisme correspond au fait de ne pas posséder les compétences numériques de base ou de ne pas se servir d’Internet (incapacité ou impossibilité matérielle). Les personnes en situation d’illectronisme font souvent face à des difficultés variables, souvent cumulatives comme le défaut d’équipement et le manque de motivation.

La e-santé apporte pourtant de nombreux avantages à l’usager et au professionnel de santé. Il est donc important de veiller à ce que les difficultés d’accès au numérique ne creusent pas des inégalités sociales et territoriales déjà existantes. Selon l’étude de la fondation Roche menée dans le cadre de leur observatoire de l’accès au numérique en santé:

52% des français qui se déclarent défavorisés à l’égard de l’accès aux technologies numériques se déclarent aussi défavorisés à l’égard de l’accès aux soins.

Par ailleurs, le manque de confiance ou le bénéfice direct insuffisamment perçu sont des déterminants venant globalement accentuer les inquiétudes et réticences envers la e-santé. C’est pourquoi l’accompagnement vers la culture du numérique et l’expérience vécue ou ressentie des bénéfices concrets sont aussi primordiaux pour encourager l’usage. La charte éthique élaborée par la DNS vient également sécuriser certaines craintes et remettre la place de l’usager, dont ceux les plus éloignés du numérique, au centre du développement du numérique en santé. Cela pour une meilleure appropriation des outils et rendre ces derniers réellement efficaces.

Présentation des initiatives existantes pour une approche inclusive du numérique

La e-santé est en constante évolution. À l’échelle locale, de nombreuses stratégies sont mises en place ou émergent pour proposer une assistance numérique de proximité :

  • L’implantation de conseillers numériques accessibles dans différentes structures ;
  • 500 ambassadeurs « Mon espace santé » déployés à l’échelle nationale encadrés par des coordinateurs régionaux;
  • La labellisation de « Maisons France services », un lieu permettant de rapprocher neufs services publics au plus près des populations, en particulier dans les zones rurales et les quartiers prioritaires.

Ces dispositifs s’inscrivent dans une démarche partenariale de coconstruction à ancrer dans les écosystèmes locaux. Le culture commune en e-santé est à renforcer entre acteurs d’un territoire, tout comme l’identification des lieux et des personnes ressources, pour orienter efficacement vers les aides appropriées. De plus il ne faut pas oublier que la fracture numérique peut concerner tous les niveaux sociaux. La diversité des situations et des pratiques numériques sont très diverses, ce qui nécessite une adaptation et une structuration des réponses.

L’accompagnement et la formation des professionnels de santé est également à prendre en compte en santé numérique. Tout comme le soutien à apporter aux proches aidants et aux personnes accompagnant des publics, souvent amenés à apporter une assistance numérique. D’autant plus face à la numérisation des démarches administratives et au développement des plateformes en ligne. Le lancement en 2022 d’un nouveau service numérique nommé « Mon espace santé » n’en fait pas exception.

Focus sur « Mon espace santé »

Cette plateforme est un dispositif public national gratuit, ouvert par défaut, comprenant :

  • Une messagerie sécurisée de santé (MSSanté) pour les échanges entre patients et professionnels de santé;
  • Un dossier médical partagé (DMP);
  • Un « coffre-fort » sécurisé pour stocker et partager ses documents de santé dans le respect du secret médical (dossier d’hospitalisation, résultats de biologie, ordonnances…).

Courant 2022, cet espace personnel sera complété par deux nouveaux services:

  • Un catalogue d’applications référencées par l’État pour être mieux guidé dans le choix des outils numériques utilisés pour le suivi de sa santé;
  • Un agenda santé pour notamment centraliser les rendez-vous médicaux.

Ce service permet aux usagers de faciliter la gestion des données personnelles de santé et de ne pas les perdre. La coordination entre professionnels dans le suivi du parcours de soins est ainsi renforcée, favorisant un gain de temps et une meilleure qualité des prises en charge.

De nos jours, nous constatons donc que de nombreux services et acteurs se multiplient en e-santé. Agir sur les différentes difficultés d’accès au numérique devient donc un enjeu majeur pour ne accentuer des inégalités déjà observées.

Davantage de renseignements sont disponibles ci-dessous sur :